Domaine des Varenne
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 La sainte ingénuité de l'instinct ne trompe jamais

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Iban

Iban


Messages : 1
Date d'inscription : 16/08/2010

La sainte ingénuité de l'instinct ne trompe jamais Empty
MessageSujet: La sainte ingénuité de l'instinct ne trompe jamais   La sainte ingénuité de l'instinct ne trompe jamais Icon_minitimeLun 16 Aoû - 23:55

"Avez vous remarqué, Monseigneur, que les confesseurs des femmes deviennent presque toujours archevêques ?" La duchesse de Blayac in Ridicule

« On ne devrait jamais quitter Montauban… » C’est la sage pensée qui vint à l’esprit du Basque lorsque, après la journée accablante de chaleur durant laquelle il venait de chevaucher, le mantel couvert de poussière, le crâne bourdonnant et l’entre-jambe effroyablement démangé par toute une sympathique faune que la dernière bordelière, pour prix de son contentement, lui avait aimablement légué, il se mit à pleuvoir dru. A présent, son canasson peureux et obstiné refusait de franchir une rivière qui ne tarderait pas à devenir torrent.

« Allons, bougre d’animal ! » rugit le Basque en usant de toute la force de ses mollets pour que sa cavale avançât.
Rien n’y faisait. Les coassements de bonheur du carnaval de batraciens qui pataugeaient dans l’eau trouble et agitée du cours d’eau résonnaient comme autant de rire narquois qui exaspéraient Etxegorry davantage.

La lumière fulgurante d’un éclair déchira un instant la noirceur des lieux, suivie d’un roulement terrible. Assurément, la foudre n’était pas tombée bien loin. Prise de panique, la peureuse cavale rua, déstabilisant son cavalier qui chût lourdement sur le sentier boueux
. « Kalma, kalma ! » pria le Basque à son cheval lorsque, revenu de sa surprise, il se hissa sur ses genoux meurtris et tenta vainement d’attraper les rênes. La prière fut sans réponse et la bête effrayée, tournant bride, s’en fut au grand galop.

Crachant tous les jurons que comprend l’euskara, le mercenaire furieux essuya d’un revers de main la boue qui couvrait son visage. Le désastre de ce périple était maintenant tout à fait complet. La seule pensée qui réconfortait Iban était que sa destination ne devait plus être très loin à présent. En outre, la fureur, meurtrière à ses heures, peut aussi avoir la vertu de rendre l’âme plus insensible et la volonté plus ferme. Ainsi, bravant pluie et batraciens, le mercenaire s’enfonça d’un pas décidé dans les eaux boueuse jusqu’à la taille et se trouva rapidement sur l’autre rive. Après avoir parcouru encore quelques lieux sous la pluie battante, il aperçut enfin l’imposante silhouette du donjon de Montaner. Comme autrefois les croisés devant la Ville Sainte, Iban eut le violent désir de hurler « Montaner ! Montaner ! », mais, trop enroué par le soudain changement de température que cet orage venait de lui faire subir, il n’en fit rien.

Que venait-il faire ici au juste ? Certainement pas remplir cette fameuse mission diplomatique sous le couvert de laquelle, en tant qu’ambassadeur guyennais pour la Gascogne, il avait entrepris ce voyage. Non…il espérait pouvoir enfin renouer avec son parrain par l’intermédiaire d’une personne qui l’intriguait fort. Le surnom de cette mystérieuse personne laissait croire qu’elle devait être fort aimable, avenante, un brin ingénue. Pourtant, de ce qu’il en savait, elle n’était ni affable, ni naïve. Il est curieux comme le destin peut parfois contrecarrer avec une ironie grinçante les vœux humains. Cette réflexion réveilla en sa mémoire le visage de cette soubrette que ses parents avaient eu le malheur de prénommer Gracieuse et qui avait en somme la carrure d’un bovin et le langage d’un charretier. Un mauvais sourire défigura un peu plus le visage piteux du Basque. Quel instinct naïf l'avait donc mener jusqu'ici ?

Le pont-levis était par chance encore baissé. Sans se préoccuper de son apparence, Etxegorry, éreinté et affamé, pénétra dans l’obscur castel. Cette rencontre débutait sous les pires auspices.
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