Correspondances aquitaines.

Messages : 3 Date d'inscription : 15/06/2009 Localisation : Guyenne

Le battement d'ailes d'un pigeon un tantinet grassouillet fendit les airs, tel l'aigle des Pyrénées qu'il n'était pas.
Depuis Marmande, bourgade ô combien chaleureuse et fruitée, et non moins capitale de la tomate, excusez du peu, la blonde Louise s'était penchée sur un peu de papier pour gratter de sa plume (à l'encre de l'amûûûûr) une lettre adressée à la blonde Eugénie.
Souvent, elle se demandait ce qu'elle était devenue... Si elle était heureuse? Si elle s'était fiancée? En espérant qu'elle ne l'avait oubliée...
C'est donc ainsi que se retrouvait Raoul le pigeon. Au noble domaine de la famille Varenne.

Pigeon, qu'apportes-tu?
Rrrrouh, rrouuhhh!

Citation :: Ma si chère Eugénie,

Voici quelques temps que je n'ai revu les doux traits de ton visage, et déjà, je me questionne sur l'avenir.
Je sais que mon départ précipité fut abrupt... Je me sais encore bien jeune. Ma fougue m'emporte lorsqu'il s'agit des histoires du coeur.
Et en l'occurence, celle qui m'a poussée à fuir le Béarn fut assez tragique pour me meurtrir au plus haut point.
En Guyenne, où je réside actuellement, il y fait bon vivre, même si la scène politique du duché connait quelques remous ces temps-ci. Je dois avouer que la ribambelle de procès qu'il y a eu dernièrement contre des étrangers qui, semble-t-il, n'avaient pas obtenus de laissez-passez. Ayant moi-même parlé à ces étrangers, j'ai appris qu'en réalité, et cela malgré leurs lettres et leur demande répétées, ils n'avaient pas obtenu de laissez-passez. Pas de réponse: pas de laissez-passez. A cause de cela, le duché devient de plus en plus impopulaire pour les voyageurs de tout poil. C'en est presque inquiétant. Mais le prévôt a été remercié, et remplacé par une dame qui semble déjà plus sérieuse que cela. J'espère que tout rentrera dans l'ordre.
A part cela, c'est de quiétude et de tomates que je me nourris... Je suis à Marmande pour y passer quelques jours d'été. Et les tomates marmandaises sont très bonnes: pleines de pulpes et de petites graines délicieuses, et avec une peau chaude de soleil.
Un régal.
Peut-être un jour, viendras-tu en goûter quelques unes à mes côtés...
Je t'écris cette lettre parce que ta présence me manque, et que par ce lien épistolaire, j'ose espérer garder la flamme de notre... Amitié encore vive.
Ces quelques mots pour te faire savoir que... Je ne t'oublie pas...

Dans l'espoir d'une réponse de ta part,

Avec toute mon affection le plus indéfectible,
Louise Joualvert.

Messages : 3 Date d'inscription : 15/06/2009 Localisation : Guyenne

Depuis le quartier de la Bourse, à Bordeaux, Louise écrivit à son amie chère, le coeur lourd et la nostalgie d'elle.

Très chère Eugénie,

Les jours se chargent d'un vent bien morose aujourd'hui, et penchée comme je suis au-dessus de ce papier, je me tourne vers toi instamment pour retrouver le réconfort qui me manque tant à Bordeaux.
Avec une douleur que je ne pourrais exprimer, je t'écris cette lettre pour t'apprendre que j'ai rompu péniblement mes fiançailles hier... Soir...
Cet acte, mûrement réfléchi, pris en fonction de ce que Monseigneur Maledent de Feytiat m'a avisée aussi, me laisse pleine d'amertume et de désenchantement.
Je n'avais pourtant pas pris cet engagement à la légère... Et me voilà désappointée.
L'écoeurement me gagne: je n'espère qu'un repos abattu, loin des désordres égoïstes et cruels de ces individus rapides à la parole mielleuse, et point trop enclin aux gestes qui les portent.
Puis toi, loin, si loin de moi, que n'es-tu point en mon côté, qui serais mon unique douceur en ce moment de douleur pour moi?
Depuis bien longtemps, ta compagnie me manque, et je compte les jours où peut-être, tu me feras l'insigne grâce de me rejoindre, à Bordeaux.
Peut-être? L'espoir est mon pain quotidien!
Tu m'es chère en mon âme, cela et bien plus encore.
Vers toi se lève ma confiance!

Avec mes sentiments les meilleurs,
Louise Joualvert.

Messages : 3 Date d'inscription : 15/06/2009 Localisation : Guyenne

Après s'être mariée avec Lorca, quelques heures plus tôt, Louise songea à ce qu'elles disaient, Eugénie et elle, au sujet de la difficulté de trouver un homme à la hauteur et de s'unir à lui. Le temps faisant son oeuvre, et Louise n'ayant reçu aucune réponse à ses lettres de la part de son amie restée au Béarn, c'est en guise de dernière lettre avant le repos au couvent de la Miséricorde, à Bordeaux, qu'elle lui écrivit ceci...

Citation :: Chère Eugénie,

Voilà décembre, et des mois que je ne t'ai point écrit, à défaut d'avoir trouvé une quelconque résonnance à mes lettres depuis.
Bien des choses se sont passées, et je t'épargnerai les détails de mon mandat municipal à Bordeaux qui fut fort éprouvant du fait de ma santé. Santé par ailleurs fragilisée depuis août, et je ne te cacherai pas ce que j'ai caché depuis des mois à tous, en Guyenne. Mais il me faut ton serment de ne point briser ma confiance en colportant ma nouvelle aux quatre coins du royaume. Car en effet, j'ai grande peine à le dissimuler, à présent, et le temps joue en ma défaveur.

Je suis tout simplement, et tout bonnement, enceinte. Le nom de celui qui a eu pour moi des bontés ne te plaira sûrement pas. Je ne le sais que trop, surtout lorsque j'ai su qu'il était parti en Béarn, vous causer quelques ennuis militaires. Mais je suis éprise de lui comme jamais, et si je cache ma grossesse aux yeux de tous par d'ingénieux subterfuges que sont les manteaux de fourrure polonais, épais et touffus à souhait, en hiver, c'est bien pour le garder d'un scandale trop lourd à supporter.

Cependant, ne pouvant donc pas l'épouser, afin de m'épargner la mise au monde d'un bâtard publiquement, j'ai donc décidé de m'unir cette nuit à Lorca. Un prêtre qui a bien voulu se défroquer à ma demande, sans m'inquiéter de questions trop indélicates. Je suis donc la dame Lorca, prête à donner naissance à un fils, qui n'est certes point celui de Lorca, mais qui aura au moins évité l'outrage d'une venue au monde inadéquate à nos traditions. C'est, pour ainsi, toute l'histoire qui bouleverse ma vie, et qui, je l'admets, ne laisse guère de repos sentimental.

J'espère que tu ne me jugeras point, mon amie, et que ta lettre advienne plus tôt que demain, ma date butoir avant mon abstraction du monde pour un temps.
J'ai besoin de soutien.

Amicalement,
Louise.